SOUVENIRS

Dans la famille nous appelions notre grand-mère Maya.

Peu après ma naissance elle s'est beaucoup occupée de moi car ma mère, jeune professeur, avait dû exercer son métier près de Paris au début de sa carrière pendant quelques mois.

Cela explique sans doute pourquoi Maya et moi étions si proches.

Chaque année, je passais 1 semaine ou 2 chez mes grand-parents. Maya me traitait comme un roi ! J'ai le souvenir de balades ensemble dans les parcs du Vésinet et parfois même à Paris !

J'avais compris qu'elle était passionnée par la danse mais je n'étais pas très sensible à cet art. C'est vers l'adolescence que nous avons eu plusieurs discussions sur la danse naturelle libre et la danse classique. Elle trouvait que cette dernière était contraignante pour le corps. Elle n'aimait pas les corps figés des danseurs classiques, "on dirait des statues !". Malheureusement elle ne m'a jamais emmené à son studio de danse à Paris.

Au début des années 90 je suis venu habiter à Paris. Je travaillais dans une société de production et avais accès à des salles de montage. Son amie Jacqueline Koltirine et quelques élèves avaient tourné plusieurs vidéos de Maya en train de danser. Un montage avait été fait mais il ne leur convenait pas. Nous avons donc refait tout le montage du film pendant plusieurs weekends. C'est vraiment là que j'ai pris conscience du rôle de ma grand-mère dans l'enseignement de cette danse.

Il y avait beaucoup de monde lors de ses funérailles en 2001. Nous avons tous été touchés par les nombreux témoignages de ses amis et élèves.

Ce jour-là je crois que toute la famille a compris qui était cette femme douce, bienveillante et pleine d'énergie.

Stéphane Bouclier