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François Malkovsky dans le courant
d’une approche nouvelle et subversive de la danse

Préface au catalogue de l’exposition
« Sous le signe d’Isadora »
au Musée Bourdelle Paris 1966

« En mai 1910, j’ai éprouvé une des plus fortes émotions de ma vie : pour la première fois, j’ai vu danser la géniale Isadora. Ce fut pour moi une révélation.

Cette jeune femme, d’une grande beauté plastique, avait le don unique de créer spontanément d’admirables mouvements inspirés par les œuvres des plus grands musiciens : Mozart, Schubert, Beethoven, Wagner.

Tour à tour sereine, violente, maternelle ou voluptueuse, Isadora créait d’instinct un Art exceptionnel.

Elle avait un sens inné du rythme et son génie plastique la rendait émouvante même dans l’immobilité : elle était aussi dynamique que statique.

Elle a créé son Art, elle-même, sans aucune imitation du passé.

Si elle a adopté la tunique grecque c’était pour retrouver le naturel et la simplicité : elle dansait pieds nus et avait su libérer son corps de tous les ornements artificiels pour garder à la Danse toute sa pureté.

Son Art par sa vérité, son sens de la vie et de l’humain, créa dans le monde de la Danse, une Révolution…

Ce dynamisme unique était frappant dans une salle vaste comme celle du Trocadéro : devant 15.000 spectateurs, la mince silhouette de la danseuse tenait son public, silencieux, ému, souvent haletant.

Durant des heures, un silence absolu régnait dans la salle. Un geste imperceptible de sa main était suivi par tous avec émotion : Isadora demeure un cas isolé du rayonnement immense d’une artiste, avec un minimum de moyens. »

A. Dunoyer de Segonzac