Entre la musique
et la danse, une intimité
« Entrer dans la quiétude
pour qu’en toi
renaisse la rythmique
Entrer dans le silence
Pour que de loin
te revienne la musique »
J-M.G. Le Clézio Désert
« Le danseur rend à la lumière
ce qu’il reçoit de la musique »
Paul Valéry
Dans notre pratique de la danse, la relation de la musique et de la danse, tellement intime dans l’œuvre de Malkovsky, est une interrogation constante. Ni descriptives, ni déliées, spirales qui s’entrelacent, s’émeuvent l’une l’autre, où chacune emmène l’autre.
« Transformer les ondes sonores en ondes visuelles » disait Malkovsky. Comment s’en approcher sans justesse de l’écoute, fluidité de l’émission du mouvement, limpidité du corps traversé ?
D’abord trouver la rythmique vivante de la pulsation, hors de la mécanicité du métronome. Puis la dynamique interne de chaque mouvement et le rythme de la danse.
« Le temps fort est à la fin du mouvement ». Ce placement du mouvement dans la musique est peu fréquent. Mais qu’est-ce que la fin du mouvement ? La fin du geste est plus perceptible ; la fin du mouvement … ? réalisation de l’intention ? moment où ce qui est émis dépasse les frontières visibles de notre corps ? instant de l’écoute du silence ?
Souvent, au fil des années, les noms donnés par Malkovsky à certains mouvements ont été simplifiés ou plutôt privés de leur substance. Le verbe qui dit l’action a été oublié: « enfoncer un objet dans le sol » est devenu « les enfoncés », « saisir un fil de soie » devenu « le fil de soie »… Leur redonner leur intégrité grammaticale nous aide à comprendre « le temps fort est à la fin du mouvement » comme principe qui prend sens différemment pour chaque mouvement. D’où la difficulté de choisir, hors du répertoire pianistique de la Danse Libre, des musiques qui répondent à l’intention du mouvement, permettent sa juste réalisation, soutiennent sa diffusion, disent son sens et son essence.
Ceci à propos du mouvement.
Et dans les danses ?
Les écrits du pianiste Alexandre Bodak qui disent pas à pas, mesure après mesure, ce lien entre musique et danse tel qu’il l’a vécu pendant 25 ans d’étroite collaboration avec François Malkovsky, sont pour nous une source d’enseignement inépuisable.
Andrée E.